Calme
Silencieux
Passif
Renfermé
Solitaire
Boudeur
Sombre
Triste
Instable
Se plonge peu à peu dans une certaine folie
Lunatique
Maniaque
Organisé
Soif de vengeance envers une personne
Emotif.
‹‹ Il doit...mourir... Je veux...qu'il meurt. Son sang...son sang bouillonne dans ses veines... mourir! ››Il était là, assis sur une chaise. Il tenait entre ses mains, une petite poupée de paille et une aiguille. Mécaniquement depuis quelques minutes, il piquait la poupée. Il ne regardait pas ce qu’il faisait. Il ne souriait pas. Il fixait un garçon, assis sur son lit. Un garçon qui lui aussi le fixait. Celui-là il avait le sourire. Un sourire qui rayonnait dans toute la pièce. Ce garçon prit la parole. L’autre garçon qui piquait la poupée s’arrêta dans son geste. La poupée tomba au sol. A son tour il ouvrit la bouche. Alors l’autre garçon s’approcha bien face à celui qui l’avait demandé. Et soudainement, un étrange manège se produisit. Le garçon à la poupée déposa ses mains sur le visage de l’autre garçon et longuement, très longuement, ses mains se déplaçaient et ne manquaient aucun centimètre de sa peau. Un sourire naissait alors sur ses lèvres…
Car ce garçon à la poupée, voyait avec les mains et les sensations. Ce garçon était aveugle.
Mais commençons par le commencement. Le garçon dont nous allons parler se nomme Ezeckiel. Avec un nom comme ça, on pourrait penser qu’il a des origines autres que coréenne. Eh bien c’est faux. Ses parents l’ont appelé comme ça par pure envie et parce qu’ils trouvaient que cela sonnait bien. Ezeckiel est donc bel et bien un coréen pur souche. Son enfance s’est passée de façon radieuse. Ses parents étaient des gens sans histoire, aimant simplement énormément leur fils. Sa mère tenait la petite boulangerie du village et Ezeckiel attendait avec impatience à chaque fois le moment où elle finissait son travaillait et où elle rentrait. Car évidemment, la tendre mère pensait toujours à son fils et lui rapportait un sachet de croissants ou d’autres choses sucrées. Son père quant à lui était médecin à domicile. Bref je le redis, une petite famille qui n’a jamais fait de vagues, une famille sans histoire
Du côté de l’école et des études, Ezeckiel était quelqu’un de très assidu, qui adorait apprendre de nouvelles choses. Il aimait aussi partager son savoir et aider les autres lorsqu’ils ne comprenaient pas. Ezeckiel était très intelligent et ses parents l’affichaient fièrement. Et puis, Ezeckiel savait déjà ce qu’il voulait faire plus tard. Il souhaitait devenir professeur pour partager son savoir et donner aux autres, la soif d’apprendre. Peut-être que s’il n’avait pas voulu devenir professeur, il n’aurait pas postulé comme professeur particulier au lycée. Il n’aurait alors jamais rencontré Hyeon Joo. Et ça, il l’aurait certainement amèrement regretté toute sa vie.
Car oui, d’avoir rencontré Hyeon Joo au lycée eu un certain impact dans sa vie. Il ne pouvait pas dire s’il en était amoureux à ce moment-là. Hyeon Joo avait 16 ans, Ezeckiel lui, 18. Il l’avait remarqué un jour à la bibliothèque du lycée en train d’essayer de comprendre un exercice. Alors qu’Ezeckiel venait simplement rendre un livre, sa curiosité le piqua et il s’approcha du jeune lycéen. C’est ainsi qu’après l’avoir aidé à résoudre son travail, Ezeckiel proposa au plus jeune de devenir son professeur particulier. Celui-ci accepta et se fit prendre sous l’aile du plus vieux.
Très vite, les cours devenaient un certain rituel pour les deux jeunes gens. Ils avaient pris leurs petites habitudes et cela finissaient par se passer presque toujours de la même façon. Après avoir dégusté un bon goûter, Hyeon Joo faisait ses exercices avec l’aide d’Ezeckiel. Et ça pouvait être dans toutes les matières puisque le plus vieux s’intéressait à tout. Il avait juste quelques difficultés en japonais et en anglais. Ensuite, Hyeon Joo revoyait ce qu’il n’avait pas compris toujours avec Ezeckiel. Et pour finir, ils discutaient de tout et de rien et parfois, Hyeon Joo passait la nuit chez le plus vieux. Une grande complicité s’installait entre les deux étudiants au fur et à mesure du temps. Une complicité cachant certainement un amour naissant…
Mais un malheureux nuage vint assombrir le tableau de la vie d’Ezeckiel. Non, ce nuage changea complètement le jeune garçon. Il avait tout juste dix-neuf ans lorsque le drame se produisit. Dix-neuf années de vie entièrement fichu en l’air par un camion en excès de vitesse et un conducteur bourré. Dix-neuf années réduites à néant. Car après l’accident et après s’être sorti du coma dans lequel il avait été plongé, il perdit entièrement la vue. Ce qui changea Ezeckiel du tout au tout. Il perdit goût à la vie et se renfermait sur lui-même… il ne voulait plus aider les autres ni découvrir de nouvelles choses. Il souhaitait seulement que le conducteur du camion ,qui s’était enfui, meure.
Ses parents le forçaient tout de même à apprendre le braille mais en dehors de ça, ils étaient complètement démunis et ne pouvaient qu’assister à la descente aux Enfers de leur fils qui, de par son obsession, devenait peu à peu fou. Alors lorsque la famille d’Ezeckiel entendit parler par hasard de cette école, qui sortait de l’ordinaire et qui n’accueillait que des gens spéciaux, ils n’hésitèrent pas et envoyèrent leur fils là-bas, espérant que ça le changerait.
Hélas, Ezeckiel ne changea pas pour autant d’humeur et continuait de s’enfoncer dans la folie. Vu qu’il n’était pas obligé de participer au cours, il n’y participait pas. Il divaguait plutôt dans les couloirs avec sa canne pour aveugle… Et c’est comme ça qu’au détour d’un de ces couloirs, il entendit Hyeon Joo. Car il pouvait reconnaître cette voix entre mille. Hyeon Joo n’avait jamais su pour son accident jusqu’à maintenant. Ezeckiel l’a préservé. Et il le préservait toujours car il refusait encore sa pitié. Il détestait la pitié. Ezeckiel se questionnait toutefois : Il savait que Hyeon Joo était malade mais s’il s’était retrouvé ici, il imaginait bien la gravité de sa maladie. Et l’idée qu’il pourrait partir avant lui, l’écœurait et l’apeurait. C’était maintenant une certitude. Ezeckiel était amoureux de Hyeon Joo.